Napoli City Marathon
Jamais je n’étais allé à Naples alors que professionnellement, et aussi par plaisir, j’ai « trainé » un peu partout dans le monde. Hasard? Pas sûr.
Lorsque j’étais enfant mon père, ma famille, mes voisins…bref tout le Piemont, notre pays d’origine, me répétaient de bien faire attention à ne pas fréquenter n’importe qui notamment lorsque je devrais « descendre » de ma montagne pour me rendre à Turin. Mais je n’irai pas plus loin dans la description de ce comportement « d’un autre âge ».
Et voilà, ce vendredi 27 janvier je prends l’avion pour me rendre dans cette ville de Naples qui organise deux jours plus tard le Napoli City Marathon.
A mon arrivée, je découvre Capodichino et ses 2 terminaux superbement équipés et très sympa. Un bel airport moderne et fonctionnel.
Pour me rendre en centre ville, distant de seulement 7kms, je prends le bus, sans problème, ce qui me permet de porter un premier regard sur cette ville. Aih, ça surprend. Au regard le paysage ne transperce pas à travers les maisons qui bordent la route tout au long du parcours jusqu’à la Piazza Garibaldi, mon terminus, et de ce fait je n’aperçois que les murs délabrés et sales des maisons, les détritus un peu partout dans la rue et les habitants (plutôt des hommes) par groupe de 4/5 personnes , lunettes de soleil Carrera sur le nez, discutant devant les boutiques. Cela m’interpelle un peu je l’avoue.
A partir de la Piazza Garibaldi j’ai une quinzaine de mns de marche jusqu’à mon hôtel, ce qui bien sûr ne pose pas de problème, mais par contre je dois trouver mon chemin à travers « le foulli » du centre ville (au sens figuré comme, malheureusement, au sens propre). Pas facile.
Je sors alors mon IPhone pour prendre une de mes premières photos et aussi pour trouver mon chemin à l’aide du GPS. Un individu se détache alors d’un groupe pour se diriger vers moi. Je suis sur mes gardes (comme dans n’importe quelle ville d’ailleurs, même à Paris). En réalité l’homme est sympathique et me suggère de rentrer rapidement mon téléphone dans ma poche et de ne plus le sortir. Je le remercie, comme je remercie tous les Napolitains auxquels j’ai eu à faire pendant mon séjour et qui ont tous été gentils, disponibles et honnêtes à mon égard. Encore une image de mon passé qui disparaît… Parfait, mais toutes ne vont pas malheureusement suivre le même chemin.
Flash back. Dans l’avion, que j’ai quitté deux heures plutôt, j’ai été le témoin involontaire d’une scène irréaliste mais qui me remémore bien des souvenirs de famille. A chaque voyage le personnel de bord distribue à trois personnes de son choix une enquête de satisfaction à remettre à ce même personnel après l’avoir complétée. Mon voisin de derrière, lunettes noires Carrera arborées, est concerné. C’est alors qu’intervient un fait pas banal. Alors que nous sommes en pleine descente vers Naples, l’hôtesse interpelle fermement cet homme en l’accusant d’être discourtois. Je comprends qu’elle lui reproche d’avoir mentionné dans sa réponse au formulaire d’enquête qu’elle (l’hôtesse) parlait Italien avec un fort accent français. L’hôtesse lui dit que ses parents sont italiens et qu’elle même est née à Turin, même si aujourd’hui elle vit en France. L’homme la regarde et lui dit « et alors ça ne change rien, votre accent est désagréable ». A la sortie de l’avion l’hôtesse le gratifiera d’un « arrivéderrchi » marquant encore plus son soit disant accent français (comme beaucoup de Turinois). Si je raconte cette histoire c’est que c’est assez incroyable comme scène, impensable en France, mais qui malheureusement résume assez bien le gap entre deux cultures unies sous la même bannière. Très regrettable mais réel.
Pour me rendre à mon hôtel je dois m’y reprendre à plusieurs fois en ayant recours à des passants tous serviables. Par contre je constate (ce que je savais, bien sûr) c’est qu’il est très difficile lorsque les napolitains parlent italien de tout saisir (notamment pour moi ). De plus, beaucoup d’entre eux ne parlent qu’en napolitain, ce qui est incompréhensible pour un non initié. Les rues empruntées sont à l’image de ce que j’ai remarqué depuis mon bus, c’est à dire assez dégradées et sales. Je ne parle pas du linge aux fenêtres qui fait partie, dans les ruelles étroites, du paysage local. Comme les chapelles au coin des maisons et le folklore de rues (ventes ambulantes, chiens errants, bruit, foule, …sans parler des voitures).
Mon hôtel, l’ancienne résidence du Roi de Naples, Giocchino Murat, après avoir été l’authentique demeure de la Dynastie Caracciolo, est aussi splendide que le service est raffiné. La rue où il se situe respecte pourtant « le standard » napolitain. Deux agents de sécurité veillent d’ailleurs en permanence devant son entrée.
Le samedi la réception de l’hôtel mettra à ma disposition un guide ce qui me permettra de visiter la ville historique et ses ruelles, ce que je n’aurai pas pu faire seul. Que de richesses recelle cette ville qui mériterait vraiment un bon « coup de pinceau » pour lui redonner toute sa splendeur!
Je retiendrai aussi les premiers propos tenus par mon guide: « Naples au bout de trois heures on a envie de la quitter, au bout de trois jours on a envie d’y rester ». Sans en arriver là, je suis assez d’accord sur le principe!
Mais parlons un peu du marathon.
Une personne qui m’est chère me précisait avant mon départ qu’à Naples le spectacle est dans la rue. C’est vrai quand il s’agit de parader lunettes noires sur le nez généralement par groupes de 3 ou à 4. Ce n’est absolument plus le cas lorsqu’il s’agit d’encourager les quelques huit cents marathoniens partis ce dimanche 29 février à 8h30 à l’assaut des 42.2 kms (ou plus-à lire par la suite) du parcours. Pas un chat, tout au plus quelques chiens errants comme on en trouve pas mal à Naples (sans aucune agressivité d’ailleurs).
Côté organisation tout est à revoir. Le parcours, très certainement nécessité par l’obligation de courir sur un asphalte de bonne qualité plutôt que sur des dalles disjointes, est piteux. On ne court absolument pas dans le quartier historique mais en bord de mer bordé par des immeubles modernes et dans le quartier “fasciste” de l’époque Mussolini. Quand on connaît les joyaux que recèle la partie historique de la ville on ne peut que le regretter. Mais ça on pourrait encore le comprendre. Ce qui est incompréhensible c’est l’absence à grande échelle de service d’ordre avec de ce fait de nombreuses voitures et piétons sur le parcours. J’ai même vu à plusieurs reprise des voitures me couper complètement la route(et sans ménagement) risquant l’accident. Enfin la complexité du parcours avec 3/4 boucles (je ne sais plus exactement) complètes ou partielles, le fait que le marathon “équipes” emprunte pour partie ce circuit, l’absence de service d’ordre et de signalétique -évoqué plus haut- font que la plupart des concurrents, soit s’est plantée à une bifurcation, soit aurait pu très facilement tricher. Pour ma part j’ai fait aujourd’hui un marathon de 45 kms!
Toute l’organisation mais aussi l’engouement des napolitains pour cette épreuve sont à redéfinir.
Je m’empresse de dire que les quelques volontaires présents aujourd’hui sur cette épreuve ont été absolument dévoués et sympathiques. Mais ils sont en nombre nettement insuffisant.
Voilà pour la partie organisationnelle.
Coté participation, l’épreuve regroupait ce matin à 8h30 sur la ligne de départ 600 “individuels” et 200 équipes.
En ce qui me concerne, je dirais que tout s’est passé normalement, à mon rythme (c’est à dire doucement et sûrement), sans problème aucun. Pas une douleur, pas une gêne. Je touche du bois pour que tout cela se poursuive, mais je reste conscient que je suis pour le moment un veinard et que tout peut être remis en cause du jour au lendemain. Je termine dans mes temps habituels compte tenu des quelques 3 kms que j’ai dus faire en plus.
Voilà, ceci dit j’ai passé vraiment un excellent Week-end, et découvert (trop rapidement) une ville que je n’avais encore jamais visitée.
C’était ma seule ambition.